Scylla, monstre marin emblématique de la mythologie grecque

La mythologie grecque ne manque pas de bêtes fantastiques. De nombreux monstres reconnaissables défient des personnages célèbres comme Ulysse, Héraclès et bien d'autres. Scylla est un monstre marin qui a inspiré des créatures à travers l'histoire.

Si la plupart des versions suggèrent que sa localisation exacte est sujette à interprétation, certains affirment que Scylla vit du côté du détroit de Messine, en Italie. C’est la raison pour laquelle le monstre féminin prête son nom à de nombreux éléments de la région comme la fleur ou la ville de Scilla. 

Les origines de Scylla

Les origines de Scylla font toujours débat. Pour preuve, plusieurs variantes existent à ce jour.

La première version raconte que Crataeis serait sa mère. On ne sait pas grand-chose d’elle : sa seule apparition dans la mythologie tourne autour de Scylla.

Concernant l'identité de son père, cela varie. Selon Apollodore, le père était Triton ou Phorcys. À savoir que Triton était le dieu grec de la mer et fils de Poséidon ; quant à Phorcys, il était un dieu originel de la mer.

Dans d'autres récits, les parents de Scylla seraient Hécate et Phorcys. Hécate étant une déesse ancestrale, ce statut rend le lien avec Phorcys plus plausible. Des récits mentionnent également le nom Crataeis comme autre nom d'Hécate.

Quant à Homère et Ovide, ils affirment que la mère de Scylla est Keto, déesse des dangers de la mer – et encore un autre nom pour caractériser Crataeis.

Mais la version la plus diffusée est celle de Keto & Phorcys, en tant que frère & sœur. Cette relation consanguine aurait donné naissance à Scylla, Ekhidna, les Graeae, Ladon le serpent à cent têtes, et les Gorgones. 

Les versions de la lignée du monstre Scylla sont multiples et variées ; certains pensent même qu'elle est issue, comme beaucoup d'autres bêtes, de Typhon et d'Echidna. 

Comment Scylla est-elle devenue un monstre ?

Au lieu d'être la progéniture monstrueuse de divinités ancestrales, Scylla était à l’origine une nymphe des eaux, transformée par jalousie en bête marine. Elle aurait été réclamée par Poséidon, déclenchant la jalousie des autres esprits des eaux. 

L’un des récits rapporte que Amphitrite, une fée des eaux, a empoisonné l'eau de source dans laquelle Scylla se baignait, ce qui aurait entraîné sa transformation.

Une histoire similaire est contée dans les œuvres d'Hyginus et d'Ovide. Dans cette version, Scylla a commencé sa vie comme une nymphe, qui attirait l'attention partout où elle allait. Mais malgré tous leurs efforts, Scylla ne s'intéressait jamais aux autres. Mais, un personnage particulier ne pouvait s'empêcher de la suivre : Glaucus.

Glaucus, dieu marin mineur, aimait tellement Scylla qu'il voulait utiliser la magie pour capter son attention et son amour. Il s'est donc adressé à la sorcière Circé, amoureuse secrètement de Glaucus. En apprenant l’amour que Glaucus portait à Scylla, Circé devint folle de jalousie et se vengea. Experte en potions, elle en créa une pour empoisonner les eaux où vivait Scylla. Le poison versé dans l’eau transforma Scylla en un monstre terrifiant, faisant fuir Glaucus : la légende était née.

Les représentations de Scylla

Le monstre féminin est apparu pour la première fois dans l'art grec ancien sur des poteries. Cependant, elle a continué à inspirer des œuvres d'art jusqu'à la Renaissance.

Les premières représentations reprenaient la description d'Homère : une carapace semblable à celle d'un crabe et douze pieds, six têtes menaçantes avec trois rangées de dents chacune pour effrayer les marins imprudents !

Dans certains récits, Scylla était un ensemble dépareillé de différentes parties d'animaux. Elle aurait eu 12 tentacules pour jambes. Autour de sa taille, se trouvaient six têtes de chien. La triple rangée de dents subsiste, mais une curieuse queue de chat les accompagne…

L'apparence de Scylla a beaucoup changé d'un artiste à l'autre. En plus des qualités animales qu'elle portait, certains artistes lui ont montré des éléments de type humain. Par exemple, certains potiers – comme les Grecs de Melos - ont fait en sorte que sa partie supérieure ressemble à la nymphe avant sa transformation. 

Les histoires les plus populaires autour de Scylla

Scylla apparaît dans de nombreux contes différents. Dans la plupart des cas, elle représente un danger pour le personnage central.

Le retour d’Ulysse à Ithaque

L'une des histoires les plus populaires de Scylla se trouve dans le poème épique d'Homère "L'Odyssée". Ulysse et son équipage rencontrent la bête sur le chemin du retour à Ithaque, après la guerre de Troie. Alors qu'ils s'arrêtent sur l'île de Circé, ils écoutent l'avertissement de l'enchanteresse.

Elle leur dit de naviguer plus près de Scylla pour minimiser les pertes. A cet endroit, Scylla est la gardienne d’une partie du détroit ; Charybde l’autre côté. Pourquoi privilégier cette route ? Selon Circé, Charybde aurait détruit l’intégralité de la flotte contrairement à Scylla qui ne mangerait que quelques membres de l’équipage.

Ulysse suivit ces conseils. Effectivement, l’équipage réussit à éviter Charybde. Mais alors qu’ils focalisaient leur attention sur Charybde, Scylla a profité de cette faiblesse pour se faufiler sur le navire et dévorer six marins. 

Héraclès à l’origine de la mort de Scylla

Homère déclare dans ses œuvres que Héraclès aurait mis fin à la vie du monstre. Ce récit apparaît également dans les œuvres du poète Lycophron à l'époque hellénistique.

L’histoire raconte que Héraclès aurait rencontré Scylla alors qu'il se dirigeait vers la Sicile. Le demi-dieu l'a tuée parce qu'elle aurait volé des bœufs. Quoi qu'il en soit, elle n'était pas de taille pour Héraclès. Après sa mort, son père Phorcys, le dieu de la mer, l'a ressuscité en brulant le corps avec des torches.

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